Épris d’absolu et adepte de l’art pour l’art, mais sensible aux honneurs et au succès, Hector Berlioz chercha à pénétrer les institutions de son temps. Il n’y parvint qu’à moitié.

Si Hector Berlioz est né à la veille du premier Empire, sa carrière musicale commence sous la Restauration, se poursuit pendant la monarchie de Juillet, traverse la deuxième République et s’achève sous le second Empire. Mais changement de régime ne signifie pas forcément discontinuité des institutions: en musique, en tout cas, celles-ci demeurent presque inchangées. Ni le Conservatoire ni l’Opéra — cette académie qui, de “royale”, devient “nationale”, puis “impériale” — ne connaissent de révolution dans leur statut. Cette pérennité le poussera à s’adresser avec le même acharnement aux uns et aux autres pour faire jouer sa musique.

Le Conservatoire, passage obligé vers la réussite. Berlioz l’a compris très tôt, il faut à un musicien l’aide de l’État pour arriver. Le conservatoire de Paris est dirigé depuis 1822 par l’illustre Cherubini: c’est par les bancs de cet établissement qu’il faut passer pour accéder aux deux autres lieux clés de la réussite le prix de Rome de composition musicale (dont l’attribution dépend de l’Académie des beaux-arts) et l’Opéra. Dès son arrivée à Paris, c’est donc vers le Conservatoire que Berlioz dirige ses pas: il y fréquente d’abord la bibliothèque, puis, après un premier échec au prix de Rome, qu’il a présenté sans aucun appui institutionnel en 1826, il s’inscrit officiellement: en composition avec Lesueur et en contrepoint avec Reicha.

Mais le Conservatoire bénéficie également d’une salle, dont l’acoustique est la meilleure de Paris : c’est là que se produit le fameux orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, fondée en 1828 par Habeneck. Si celle-ci refusera pratiquement toute exécution à Berlioz, la salle, elle, ne lui sera pas fermée et il pourra y faire entendre ses œuvres, entre 1828 et 1843. On y donne la première de La Symphonie fantastique, le 5 décembre 1830; viendront ensuite Harold en Italie (1834) et Roméo et Juliette (1839).

Berlioz demandera à plusieurs reprises à être nommé professeur au Conservatoire. En vain, il y sera bibliothécaire à partir de 1839, puis cumulera cette fonction avec celle de conservateur du Musée instrumental en 1866.